Page:L'envers de la Guerre - Tome 1 - 1914-1916.djvu/149

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que Poincaré lui dit le 22 juillet 1914 ». Or, l’ultimatum serbe est du 25 juillet…

— Les conseils de guerre sévissent contre les pessimistes. On est condamné pour avoir dit que les Allemands sont forts, que l’hiver sera dur, qu’on manquera de ouate hydrophile. Les journaux réactionnaires publient ces jugements. Les curieux y chercheront ces stupéfiants verdicts.

— Le G. Q. G. voulait publier une note proclamant qu’on avait arrêté 1.200 espions, condamné plusieurs centaines d’entre eux à mort, dont trente femmes. On a calmé son zèle.

— Le 29 août. Au Conseil du 28, Viviani triomphe. Le 27, il a remporté un vif succès à la Chambre, apaisant pour un temps la houle parlementaire. (Je note que j’avais retrouvé dans un historique de la Marne la phrase de Joffre : « La République peut être fière des armées qu’elle a préparées. » Je l’avais signalée à l’un des collègues de Viviani ; celui-ci la fit acclamer.) Donc, fort de son succès de la veille, il a donné quelques avis à ses collègues, les invitant à passer l’éponge sur leurs dissentiments et aussi à moins se répandre dans les groupes. Poincaré lui-même est convié à moins parler. N’a-t-il pas dit au député Ch… : « Apportez-moi 100 signatures de députés réclamant un ministère Clemenceau et je le nomme » ? Poincaré proteste. Il a dit le contraire : « Je vous défie de m’apporter 100 signatures, etc. ».

— Bouttieaux me rapporte un entretien Foch-Castelnau, qu’il tient d’un témoin :

Foch. — On dit que vous allez attaquer ?

Castelnau. — Si on m’ordonne de me battre, je me battrai.

Foch. — Vous êtes un soldat, mais vous n’êtes