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AOUT-SEPTEMBRE 1914

ans en 1870, et j’avais déjà trouvé moyen de quitter la ville où j’habitais. »

— L’homme qui tombe malade au front est infiniment moins coté que le blessé. Cela se sent dans les visites d’hôpital. Le haut personnage qui distribue des cigarettes et des félicitations ne sait que dire devant un rhumatisme.

— Le jardinier de notre maison de l’Yonne écrit : « Nous avons été à deux doigts de la guerre. » Lisez : à deux doigts qu’elle s’étendît jusqu’au village.

— Quand on déplore l’atrocité de la guerre, on vous jette à la tête : « Vous voulez être Allemand ? »

— Il y a déjà un certain nombre de généraux et de politiciens qui sont les parrains de la bataille de la Marne.

— On a exalté l’armée de caserne et nous avons en somme sous les yeux la nation armée. Il y a des territoriaux de 45 ans dans les tranchées. Et cependant on célèbre encore l’armée, organe supérieur et distinct.

— Un prince allemand habita le château du constructeur d’autos Clément, à Pierrefonds, et lui écrivit : « Cela sera peut-être profitable à votre marque d’automobiles. »

— Beaucoup voient dans cette guerre le triomphe de la loi de 1913 portant à trois ans la durée du service militaire. Sans elle, disent-ils, c’était l’attaque brusquée par l’Est, nous n’avions pas la résistance belge. On ne se convaincra pas. Comment prouver que, sans cette loi, les Allemands n’auraient pas envahi la Belgique ?

— Pierre Mille écrit qu’à la faveur de la guerre, il est touché par la grâce catholique. Il se convertit.

— On raconte qu’une dame eut son auto réquisitionnée, la vit devant une pâtisserie bordelaise,