Page:L'envers de la Guerre - Tome 1 - 1914-1916.djvu/244

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

parlât avant Pâques. Cela fut convenu au Conseil un mardi. Mais le jeudi, Freycinet dit qu’il était absent la dernière fois, qu’il détournait de ce projet. Au Sénat, Clemenceau répliquerait. À la Chambre, les socialistes s’en autoriseraient pour parler à leur tour… Il serait plus sage que Briand parlât au Congrès interparlementaire économique, qui se tenait alors. Finalement, Briand se tut partout.

— Poincaré va visiter l’hôpital de Mme X… L’avant-veille, un représentant du protocole vient examiner les lieux. Le perron est à gauche de l’allée d’accès. Ce personnage déclare donc que le président descendra d’auto dès l’avenue, car il ne peut descendre qu’à droite. Et nous sommes au 22e mois de guerre !

— Il y a une vive hostilité au décalage de l’heure. L’Angleterre, l’Allemagne, l’Autriche, l’ont adopté. Ce qui frappe, c’est que, sous la Révolution, on a changé en peu de temps tous les poids et mesures.

— Un sergent raconte que le lieutenant P…, boucher de profession et son compatriote, achevait au couteau les blessés allemands devant la tranchée et rentrait les mains rouges de sang en disant : « Comme cela, ils ne souffriront plus. » En parlant des journaux, ce sergent dit : « Il n’y a de vrai que le feuilleton. »

— De grands hôtels des Champs-Élysées, qui avaient été transformés en hôpitaux, rouvrent.

— Le 9 mai. Le Livre Jaune a publié un rapport de l’ambassadeur Cambon signalant avant la guerre les intentions belliqueuses de l’Allemagne. Mais un passage est supprimé. C’est une conversation du roi des Belges et du kaiser, où ce dernier marque la volonté de la France de faire la guerre, volonté exprimée par le réveil national et l’élection de Poin-