Page:L'envers de la Guerre - Tome 1 - 1914-1916.djvu/59

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— Le fils C… est tué. Sa femme — vingt ans — se suicide. Il lui en avait laissé le pouvoir écrit.

— J’ai déjà eu cette impression que les ministres essayaient leurs pensées sur leurs voisins de table. C’est ainsi qu’à Blaye, Sembat a lancé cette réflexion : « La guerre a réalisé ce que le socialisme ne réalisait pas en paix, l’égalité devant les charges. »

— Beaucoup de vœux à l’occasion du nouvel an proche souhaitent « la fin de cette horrible guerre ». Mais cela ne peut se mettre que sous enveloppe. Cela ne s’avoue pas au grand jour de la carte postale.

— On dit : « Allons jusqu’au bout pour éviter la guerre à nos enfants. » Qui nous prouve que nos enfants auraient la guerre ? Dans le doute, on les fait tuer tout de suite. Ainsi Gribouille se jetait à l’eau pour ne pas être mouillé.

— Le Français qui s’habille en Allemand pour repérer le front ennemi accomplit un acte héroïque. L’inverse est une ignoble ruse. (Les journaux.)

— Je reviens sur Anatole France, qui a publié un papier d’un style admirable à l’occasion de Noël, où il paraphrasa en somme le manifeste des socialistes sur les buts de la guerre et où ils justifient leur attitude. Je crois que lorsqu’il offrait l’amitié française aux Allemands dans la paix, il obéissait à l’influence de la culture latine. Il se rappelait les Romains qui voulaient « que leurs ennemis vaincus devinssent leurs amis ».

— Bien des gens pleurent aux mots d’Alsace-Lorraine. Les Ardennes et les Flandres les émeuvent moins. Ils objecteront qu’elles sont temporairement envahies. Mais c’est égal : elles sont occupées, on ne s’en occupe pas !

— En cette fin d’année 1914, la guerre préoccupe