Page:L'envers de la Guerre - Tome 1 - 1914-1916.djvu/80

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au soir, Viviani reçoit un de ses amis. Coup de téléphone de Millerand, qui lit le communiqué à l’appareil : Viviani invite son ami à prendre le second récepteur. Mais Millerand, sa lecture achevée, poursuit dans l’appareil : « Dites donc, ces socialistes à Londres, ils nous embêtent… ». Discrètement, l’ami pose son écouteur.

— En 1903, après l’assassinat de la reine Draga et du roi Alexandre de Serbie, l’Europe vomissait la Serbie, lui retirait ses diplomates. Aujourd’hui, c’est pour elle que l’Europe s’entre-tue.

— Joseph Reinach a télégraphié à Ferdinand de Bulgarie, lui demandant si le petit-fils du duc d’Aumale allait oublier ses origines. (On dit la Bulgarie prête à marcher avec l’Allemagne.) Dans sa réponse, Ferdinand s’étonne qu’un historien se fonde sur des pièces douteuses et il déclare qu’il n’oublie rien. C’est signé : un Européen.

— Le 16 février au soir, une dépêche de Rome dit que de Bulow offre à la France l’Alsace-Lorraine si elle veut signer la paix.

— Tristan Bernard dit qu’il y a des menaces de paix, mais que nous ne sommes pas prêts.

— Je disais que, pendant le siège de Paris, en 1870, on m’avait nourri au bouillon de cheval. Une dame m’envoie : « C’est pour cela que vous êtes rosse ! »

— Le Congrès socialiste de Londres fait dire en substance aux journaux réactionnaires : « Mais alors, il n’y a plus de haine ? C’est la fin de tout ! » Jules Guesde a éloquemment défendu les délégués, au Conseil du 16. Il dit que c’était beau d’amener cette union, si l’on songe à l’hostilité des socialistes anglais pour la guerre, à l’antagonisme des Russes et des Anglais.