Page:L'envers de la Guerre - Tome 1 - 1914-1916.djvu/91

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t-il le travail comme avant, ou sera-t-il plus exigeant ? Voilà les grandes énigmes de demain.

— Le romancier Maurice Barrès, boulangiste, ancien député de Nancy, député des Halles, se répand en écrits abondants. On l’a appelé, par ironique analogie avec Thiers, le Littérateur du Territoire.

— À Nantes, il y avait un colonel anglais qu’on voyait souvent avec une petite femme. Il prétendait de la sorte apprendre le français. On disait qu’il avait loué un dictionnaire.

— À déjeuner, Briand, Sembat, Tristan Bernard. Ce dernier raconte qu’un homme est blessé le 8 février, se traîne à l’ambulance, arrive à l’hôpital et lit avec indignation dans un journal le communiqué du 8 février : « Rien d’intéressant sur le front ».

À propos des Dardanelles, on dit que Delcassé, qui y était d’abord opposé, tente de s’en glorifier. Briand rappelle qu’il avait lui-même suggéré à Churchill l’intervention en Serbie et que L’Angleterre l’a transformée en l’opération actuelle.

Sembat a reçu une lettre d’un colonel qui peint en termes noirs notre offensive de Mesnil, nos pertes, nos minces résultats, le découragement que marque la défection de deux compagnies d’infanterie coloniale. Il dit que le téléphone et l’auto ont isolé l’État-Major. Car ces modes de communication ont créé un lien factice entre cet État-Major et les armées et, au fond, favorisent leur divorce. « Le Grand Quartier général n’en sait pas plus que nous », déclare le ministre Sembat.

— Briand voulait que le Sénat ne supprimât pas la naturalisation remontant à ces deux dernières années. Il invoquait le droit et la raison. Il fut battu. La passion patriotique des sénateurs est