Page:L'envers de la Guerre - Tome 1 - 1914-1916.djvu/99

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dit qu’il y a éprouvé la plus vive satisfaction morale depuis le début de la guerre.

Puis l’affaire traîne. On ergote, au lieu d’accepter en bloc l’offre italienne.

— Le 28. On décide de ne reprendre l’opération des Dardanelles que le 10 avril.

— On a jugé Desclaux, qui détournait des colis dans la Trésorerie et Postes. « Ragots de cuisine », dit quelqu’un. « C’est pourquoi on lui a donné un avocat d’office », dit Tristan.

— La guerre coûte à la France 50 millions par jour. Que ferait-on en paix, avec cette somme versée tous les jours, et destinée à une œuvre, une découverte, une entreprise, une route, une construction, etc. ?

— Le colonel Bouttieaux me donne quelques détails sur les bombes récemment jetées sur Paris par les zeppelins. Il sort du Laboratoire municipal où on a autopsié un des engins incendiaires : « On les éteint en pissant dessus », me dit-il. On jeta 60 bombes, soit 1.500 kilos.

— Le 27. Conférence de l’abbé Wetterlé à La Vie Féminine sur la femme alsacienne. Il me dit qu’il est très sollicité d’écrire des articles : « Jamais je n’ai tant travaillé. » Arrive Mme  Poincaré. Présentations. On cause, en attendant les choristes. « J’espère, dit-elle en parlant des Allemands, qu’on va détruire toutes leurs usines ! » Elle dit aussi, de Poincaré au front : « Sa présence est un tel réconfort pour nos braves soldats. » On parle d’un Allemand qui, indigné, a dénoncé à Berne un produit qui doit aveugler dix minutes nos soldats dans la tranchée. Wetterlé prétend que ce dénonciateur est un marchand de lunettes noires, qui veut en placer aux Français.