Page:Lébédeff - Abrégé de l’Histoire de Kazan, 1899.djvu/72

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L’acharnement était extraordinaire dans les deux camps. Les Russes se trouvèrent bientôt sur la muraille et se mirent à repousser les défenseurs vers l’intérieur de la ville. La bataille continuait dans les rues. Les Tartares défendaient bravement chaque arpent de terre, mais les Russes pénétraient toujours plus avant ; ils arrivèrent bientôt à la forteresse.

En cet instant les Russes faillirent laisser échapper les fruits de ce long siége, car leurs soldats, ayant entrevu un riche butin, ne purent résister à la tentation de s’en emparer et selon l’usage de l’époque, ils se mirent à marauder ; oubliant de combattre, ils entraient dans les maisons, dans les boutiques et dépôts de marchandises, et s’empressaient de profiter de ce qui leur tombait sous la main. Les Kazaniens voyant ce manège reprirent courage et se jetèrent avec un redoublement d’énergie sur les régiments en désordre des Russes. Ceux-ci prirent la fuite en criant : « Nous sommes battus ! » Le moment était critique. Sur le conseil des boyards et des voïvodes les plus expérimentés le Tzar Jean fit donner la moitié d’une réserve fraîche de 20,000 hommes, et alla se mettre lui-même avec son étendard impérial au travers de la Porte Royale, par laquelle passaient les troupes russes qui fuyaient. L’apparition des nouvelles réserves arrêta la panique des Russes, et leurs régiments promptement revenus à leur devoir, se ruèrent une seconde fois sur la ville.

Le Khan Ediguére rentra avec son entourage dans la forteresse et il s’enferma dans son palais. Le reste des défenseurs de la ville se retira vers les grandes mosquées en pierre[1], et après une défense acharnée, ils tombèrent

  1. Où se trouve, maintenant, la tour de Suyun-biké.