Page:Lébédeff - Abrégé de l’Histoire de Kazan, 1899.djvu/84

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parvient à faire abandonner leur religion pour leur en faire embrasser une nouvelle, ce qui leur est facile, puisqu’ils ne connaissent ni l’une, ni l’autre. Il y a eu de rares exemples de Tartares mûrs qui ont accepté l’orthodoxie par intérêt : pour recevoir quelque fonction bien payée ou une haute protection, mais heureusement ces cas sont rares, et quand ils se produisent, le résultat en est mauvais, car ils deviennent souvent ivrognes et joueurs. Quelquefois on donne un rouble ou trois roubles à quelque jeune fille ou jeune garçon tartare pour qu’ils consentent à se laisser baptiser ; après quoi ils reviennent souvent à leurs pénates ; quelquefois le garçon vient retrouver quelques mois après le prêtre qui l’a baptisé et lui dit : « Eh père ! si tu veux me donner trois roubles, je consens à me faire baptiser encore une fois ». On voit d’ici l’utilité de ces conversions.

La société tartare se divise en trois classes : 1) les savants qui se distinguent par leur moralité et leur bienveillance envers tout le monde, et sont, partant, très respectés ; 2) les riches commerçants qui peuvent compter plusieurs générations dans le commerce ; 3) les petits marchands, les paysans et tous les ignorants. Les riches donnent de l’éducation à leurs enfants, quelquefois ils les placent « au gymnase réal » (école à enseignement secondaire-moderne) mais c’est la minorité, car le Tartare même riche et plus ou moins bien élevé, a toujours la tête rebelle aux études et préfère, quand il est riche, s’habiller en petit-maître, abuser du Champagne et faire parade de ses beaux chevaux que d’orner son esprit.

Dès qu’un petit Tartare commence à parler, sa mère lui apprend à prononcer le mot d’« Allah ». Puis une