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L’ŒIL QUI RIT ET L’ŒIL QUI PLEURE

Le nigaud raconta à ses frères le sujet du chagrin paternel, et ils décidèrent d’aller à la recherche de la vigne. Arrivés tous trois à un carrefour, les deux aînés prirent un chemin et le nigaud en suivit un autre.

— Dieu merci, nous voilà débarrassés de cet imbécile, s’écrièrent les deux aînés ; restons ensemble et déjeunons.

Et ils se mirent à déjeuner.

Soudain un renard boiteux s’approcha d’eux et leur demanda à manger. Ils se jetèrent sur lui à coups de bâton : le renard se sauva clopin clopant sur trois pattes. Il rejoignit le chemin qu’avait pris le cadet ; il le trouva, lui aussi, en train de déjeuner, et lui demanda un morceau de pain. Le nigaud partagea sa pitance avec cet hôte inattendu.

— Où vas-tu, frère ? demanda le renard à son bienfaiteur dès qu’il fut rassasié.

Il raconta l’histoire de son père et de la vigne merveilleuse.

— C’est fort bien, dit le renard ; je sais où elle est ; suis-moi.

Ils arrivèrent à la porte d’un grand jardin.

— Tu trouveras ici la vigne que tu cherches ; mais il est difficile d’y arriver. Fais bien attention à ce que je vais te dire. Avant