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CONTES SLAVES

et triste comme si elle sortait du tombeau.

Le prince la reconnut aussitôt et alla au-devant d’elle ; mais le magicien ne lui laissa pas le temps de parler, et il lui dit :

— Je sais pourquoi tu es venu. Soit ; prends-la si, pendant trois nuits, tu peux arriver à l’empêcher de t’échapper. Si elle t’échappe, tu seras pétrifié avec tes serviteurs, comme tous ceux qui sont venus avant toi.

Puis il montra à la princesse un siège, l’invita à s’asseoir, et partit.

Le prince ne pouvait détacher ses yeux de la princesse, tant elle était belle ! Il se mit à lui parler, lui demanda toutes sortes de choses ; mais elle ne répondait pas, elle ne souriait pas, elle ne regardait personne ; on eût dit qu’elle était de marbre. Il s’assit auprès d’elle et résolut de ne pas dormir de la nuit, pour qu’elle ne pût lui échapper. Pour plus de sûreté, Long s’allongea comme une courroie, et s’étendit le long du mur, tout autour de la salle ; Large se mit à la porte, et s’enfla de telle sorte, que même une souris n’aurait pas pu passer ; Clairvoyant s’appuya pour veiller à la colonne du milieu. Mais, en un clin d’œil, tous se mirent à dormir ; et ils dormirent toute la nuit.