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LA FILLE DU DOGE

moi, pour m’envoyer une espèce de vagabond ; je ne veux parler ni de son nez ni de sa barbe ; mais il a deux dents qu’on ne saurait comparer qu’aux défenses d’un sanglier. Il n’est que fils de prince ; il n’est bon qu’à raconter des voyages en des pays où jamais honnête homme n’a mis les pieds ; il n’a rien à offrir à mes parents que des morceaux d’os et de bois noirci, et à moi, il m’apporte un perroquet, comme si je tenais une ménagerie. Est-ce ainsi que tu accomplis ta promesse ?

— Sans doute, reprit la Vila. Le prince de Milan est aujourd’hui le plus beau et le plus galant cavalier qu’il y ait dans le monde. C’est moi qui lui ai inspiré de l’inclination pour toi, et j’ai bien rempli ma promesse. Je n’ai même pas songé un instant à te punir de ta coquetterie ; je sais que tu as deux oiseaux qui te chantent chaque jour que tu es plus belle que moi ; c’est pourtant moi qui t’ai fait don de ta beauté. Du reste, si ce prétendant ne te plaît pas, tu n’es pas forcée de l’accepter.

— Je voudrais bien voir qui pourrait m’y forcer !

— Personne, reprit la Vila. J’ai fait ce que