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LA FILLE DU DOGE

À ces mots, Zora bondit comme une possédée.

— Tu mens, dit-elle ! Parce que tu es rousse, tu envies mes beaux cheveux noirs et voudrais ternir leur réputation. Mais, misérable, tu n’y réussiras pas.

Elle saisit la servante par la chevelure, et la jeta par la fenêtre.

— Voilà pour mon cheveu gris, s’écria-t-elle avec un rire infernal !

La servante tomba dans un puits profond au pied du château.

Zora couvrit à la hâte, avec une parure de diamants, l’endroit où le cheveu blanc lui était signalé. Elle mit par-dessus la couronne de Chypre et reçut le grand seigneur hongrois.

Il était haut comme un colosse, un peu mûr ; il boitait d’un pied, louchait des deux yeux, avait le nez crochu comme un quartier de lune, la barbe pointue comme une pioche, et une paire de dents pareilles aux défenses d’un sanglier.

— Belle reine, dit-il, ou dogaresse, ou si tu aimes mieux princesse, ainsi que tu peux le voir et le constater, je ne suis pas absolument sans défaut. Mais j’espère que tu vou-