Page:Lénine - La révolution prolétarienne et le rénégat Kautsky, 1921.djvu/37

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Pour ne pas remarquer cette vérité, il faut être incapable de poser la question du point de vue des classes opprimées.

Y a-t-il un seul pays au monde, parmi les pays bourgeois les plus démocratiques, dans lequel le simple ouvrier moyen ou le demi-prolétaire villageois, c’est-à-dire les représentants de la masse opprimée, de l’immense majorité de la population, jouissent de la liberté de tenir leurs réunions dans les meilleurs immeubles, de la liberté d’avoir, pour exprimer leurs idées et défendre leurs intérêts, les plus grandes imprimeries et les meilleurs stocks de papier, de la liberté de porter des hommes de leur classe au gouvernement et à la « construction » de l’État, et cela à un degré approchant un tant soit peu la Russie Soviétiste ?

Il est ridicule même de penser que Kautsky pourrait trouver dans n’importe quel pays un ouvrier ou un ouvrier agricole sur mille qui, une fois informé, hésiterait sur la réponse à faire à cette question. À en juger d’après les bribes d’aveux échappés aux journaux bourgeois, les travailleurs du monde entier sympathisent d’instinct avec la République Soviétiste, parce qu’ils voient en elle la démocratie prolétarienne, la démocratie des pauvres, à l’encontre de la démocratie bourgeoise qui, même la meilleure, est toujours en fait une démocratie pour les riches.

Nous sommes gouvernés et notre État est toujours conduit par les fonctionnaires bourgeois, les parlementaires bourgeois, les juges bourgeois. Voilà la vérité pure, évidente, indiscutable que connaissent par leur expérience vécue, et que sentent et éprouvent chaque jour à leur détriment des dizaines et des centaines de millions d’hommes des classes opprimées