Page:Lénine - La révolution prolétarienne et le rénégat Kautsky, 1921.djvu/74

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établit la procédure des élections comme il lui plaît. L’arbitraire et la possibilité de se débarrasser des éléments d’opposition gênants au sein du prolétariat même seraient de cette façon multipliés au dernier point » (p. 37).

En quoi ce verbiage se distingue-t-il de celui d’un coolie de lettres vendu aux capitalistes, qui hurle à l’oppression quand dans une grève la masse fait violence aux travailleurs laborieux qui veulent « travailler » ? En quoi le mode d’élection établi par les fonctionnaires bourgeois dans la démocratie bourgeoise « pure » n’est-il pas arbitraire ? En quoi le sens de la justice chez les masses insurgées pour la lutte contre leurs éternels exploiteurs, chez les masses instruites et fortifiées par cette lutte désespérée, doit-il être plus bas que chez une poignée de fonctionnaires, d’intellectuels et d’avocats nourris dans les préjugés bourgeois ?


Kautsky est un socialiste convaincu ; n’allez pas mettre en doute la sincérité de ce vénérable père de famille, de cet honnête citoyen. Il est partisan déclaré et chaleureux de la victoire des travailleurs, de la révolution prolétarienne. Seulement il voudrait bien que, pour commencer, avant le mouvement des masses, avant leur lutte impitoyable contre les exploiteurs, les intellectuels bourgeois et les pharisiens en bonnet de nuit puissent tout doucement sans guerre civile, composer les statuts modérés et précis du développement de la révolution…

Notre savant Judas Golovliev[1], dans une profonde indignation morale, raconte aux ouvriers allemands que, le 14 juin 1918, le Comité Exécutif Cen-

  1. Personnification de la traîtrise.