Page:Lénine - La révolution prolétarienne et le rénégat Kautsky, 1921.djvu/86

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

quitte à faire crier à la « désorganisation » les bourgeois réactionnaires ou simplement poltrons, autrement qu’en traversant une période semée de difficultés et d’épreuves, pendant laquelle le pays reste désarmé (la grande révolution française a connu cette période terrible) et qu’en élaborant peu à peu, au milieu des souffrances de la guerre civile, l’armée nouvelle, la discipline nouvelle, l’organisation militaire nouvelle d’une nouvelle classe. Kautsky historien le comprenait, Kautsky renégat l’a oublié.

De quel droit Kautsky appelle-t-il Scheidemann « socialiste de gouvernement », alors qu’il approuve la tactique des menchéviks dans la révolution russe ? Les menchéviks, en soutenant Kérensky, en entrant dans son ministère, n’étaient ni plus ni moins que des socialistes de gouvernement. Kautsky ne saurait échapper à cette conclusion, si toutefois il essaie de poser la question de la classe dominante menant la guerre impérialiste. Mais il évite de poser cette question, qui s’impose cependant à tout marxiste, car la poser serait découvrir par là-même son apostasie.

Les kautskystes en Allemagne, les longuettistes en France, les Turati et Cie en Italie, raisonnent ainsi : le socialisme suppose l’égalité et la liberté des nations, leur droit à disposer d’elles-mêmes : donc, quand notre pays est attaqué ou envahi par les troupes ennemies, les socialistes ont le droit et le devoir de défendre la patrie. Mais ce raisonnement, au point de vue théorique, n’est qu’une caricature du socialisme ou un sophisme impudent, et, au point de vue pratique et polilique, il rappelle le raisonnement d’un moujik ignorant, incapable même d’imaginer le caractère social ou de classe de la guerre, ni le rôle du parti révolutionnaire pendant une guerre réactionnaire.