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UN DIVORCE

— Je lisais, dit Claire.

— Comment fais-tu, ma chère ? c’est si ennuyeux ! Je sais bien qu’il faut de la religion ; mais une ou deux pages par jour, n’est-ce pas assez ? Encore, ne sais-je pas souvent ce que j’ai lu. Il vaut mieux aller entendre les prédicateurs, c’est plus frappant. Tiens, M. Bordonnet ; c’est un homme si aimable ? tout ce qu’il dit pénètre le cœur. Il a des yeux magnifiques et puis un air…

— Quand je suis souffrante, je n’aime pas à m’habiller ; on aime mieux rester où l’on se trouve.

— Fi ! que c’est vilain ! une jeune femme ! Quand est-ce donc que tu aimeras à t’habiller ? à soixante ans ? Je me rappelle que tu aimais la toilette, au contraire. On te trouvait toujours bien mise. Oh ! moi, quand je suis chez nous, ça m’est égal ; il faut user ce qu’on a, et, Dieu merci ! je suis une bonne ménagère ; mais, quand je sors, il me faut une jolie toilette, ou alors…

— Moi aussi ; mais ça m’ennuie d’en prendre la peine.

— Allons donc ! Adolphe dit toujours que c’est à cela qu’on reconnaît les vraies femmes. Il paraît qu’il y en a de fausses. Mon Père ! les hommes sont si drôles ! Au reste, Adolphe est un mari charmant. Et il m’aime, ma chère ! oh ! mais il est amoureux !

Elle se penchait d’un air de confidence vers Claire, qui ne lui répondit que par un sourire forcé.

— Après tout, reprit Fanny, moi, je n’en sais rien, mais tout le monde dit que l’amour passe. Est-ce vrai ?

— Je n’en sais rien, dit Claire.

— Tu n’en sais rien ? alors c’est bon signe, puisque tu es mariée depuis six mois. À propos, est-ce que ton mari aime tant le macaroni ? Ma chère, c’est insuppor-