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UN DIVORCE

pait, celui de la faiblesse et de l’illogisme. Capable d’héroïsme, elle ignorait la bonté ; elle avait peine à ne pas mépriser son frère, et Étienne le sentait. Une timidité invincible le paralysait près de sa sœur. Un soir qu’Étienne venait de monter dans sa chambre, sans qu’on eût frappé, la porte s’ouvrit ; il fit une vive exclamation de surprise : c’était Maëdeli.

On l’eût à peine reconnue, tant ses nouveaux vêtements lui seyaient bien. À sa démarche rapide et légère, et à l’air innocent et hardi qui formait le caractère de sa physionomie, on pouvait seulement reconnaître que ce n’était pas une fille de la civilisation. Elle vint droit à Étienne, et, s’arrêtant devant lui, le regarda sans parler, mais avec une extraordinaire expression de bonheur.

— Maëdeli ! s’écria-t-il, comment se fait-il que tu sois ici ?

— Je me suis sauvée d’avec eux pendant la nuit. J’ai couru ! couru ! Mon père voulait m’ôter mes beaux habits, moi je voulais revenir.

Étienne prit un billet qu’elle avait à la main ; il était de madame Fonjallaz :

« Votre colonbe est revenue dans mon arch ; et come je suis plus charitable que vos dames de charité, je l’ai reçu, mais elle m’a tant annuyé à me parlé de vous, que j’ai fini de guerre lace par lui donner votre adrèce.

» herminie. »

— Madame Fonjallaz veut donc te garder à son service ?

— Oui ; il y en a une qui est malade et qui s’en est allée, et je ferai son ouvrage, à ce qu’on dit. Mais j’aimerais mieux vous servir. Je veux être votre servante.