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UN DIVORCE

On entendit retentir la sonnette de l’appartement.

— Qui nous vient ? dit Claire en prêtant l’oreille. Ah ! Louise fait entrer dans la salle à manger. C’est une personne qui veut parler à Ferdinand.

— Il n’est pas à ses bureaux ?

— Non, il est parti pour Morges depuis ce matin. Mais il devrait être de retour, dit-elle en regardant la pendule.

— Louise, demanda madame Desfayes à la bonne qui apportait du bois pour le feu, qui est-ce qui vient d’entrer ?

— Madame Fonjallaz, répondit la jeune domestique. Elle vient des bureaux, où on lui a dit que monsieur devait être ici, et, comme elle est pressée apparemment…

— Madame Fonjallaz ! avait répété Claire du ton d’une vive surprise.

Et aussitôt que Louise fut sortie, se tournant vivement vers Mathilde, avec des regards où la colère et l’indignation étaient encore mêlés d’étonnement :

— Cette femme ! cette femme ici ! comprends-tu cela ?

— Mais ne peut-elle avoir affaire à la banque Dubreuil et Desfayes ?

— Ah ! tu crois ? Non, non, va, c’est autre chose. Enfin je ne sais pas, moi ; que puis-je savoir ? Mais il va tous les jours au café Fonjallaz, malgré ce que j’ai pu dire pour l’en empêcher.

— À ta place, dit Mathilde, je ne m’occuperais pas de cela. Ton mari t’aime ou il ne t’aime pas. S’il ne t’aime pas, je ne comprends guère que tu le disputes à madame Fonjallaz.

— Je ne le lui dispute pas, répondit Claire ; c’est seulement le manége de cette femme que je ne puis souffrir. Mais je suis bien sûre que Ferdinand est incapable…