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UN DIVORCE

la pauvre femme, fondant en larmes, s’abattit, épuisée, sur les coussins.

Mathilde était fort émue. Elle avait au plus haut degré la haine de l’injuste, et devinait suffisamment, par l’état de Claire, les torts de M. Desfayes. Quand elle vit sa cousine plus calme, elle alla dans la cuisine chercher de l’eau, s’attendant à rencontrer le coupable, qu’elle eût foudroyé de son regard et de sa parole.

Mais elle apprit de Louise qu’il venait de sortir presque en même temps que madame Fonjallaz ; d’abord il avait eu l’air d’hésiter un peu et avait demandé si madame était là ; mais, Louise ayant répondu que mademoiselle Mathilde s’y trouvait aussi, il était parti.

Après qu’on eut bassiné d’eau froide le visage de Claire, et qu’elle eut bu quelques gorgées, elle respira longuement et se trouva mieux. Mathilde alors renvoya Louise, et interrogea sa cousine.

— Tu es donc certaine maintenant qu’il te trahit ?

— Oh ! répondit la pauvre femme en sanglotant à chaque mot, si tu savais ! Oh ! si tu savais, Mathilde ! Hélas ! oui. Je ne suis que trop sûre à présent ! Il l’appelait Herminie… Et sais-tu ce qu’elle venait faire ici, cette odieuse femme ?… lui demander de l’argent ! Est-ce infâme, cela ?… Ils ont aussi parlé de ton frère, et elle voulait que Ferdinand lui garantît sa créance. Après, elle a demandé (conçois-tu cette effronterie ?) pourquoi il n’était pas allé chez elle depuis deux jours. « Vous dites que vous m’aimez… » — Entends-tu, Mathilde ? — « vous dites que vous m’aimez, et vous me laissez ainsi ! J’ai bien souffert. Je me demandais pourquoi ? ce que je vous avais fait ? » — Comprends-tu cela ? — Elle lui parlait comme j’aurais pu faire, moi, et il s’excusait, ma chère ; il s’est excusé !… Il a dit, ce qui est vrai, qu’il avait passé