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UN DIVORCE

le payement, et c’est ce Monadier qui a dit à madame Fonjallaz de venir trouver mon mari, tandis qu’il est allé, lui, je ne sais où ; mais c’était pour faire agir l’influence de cette femme, vois-tu, et ce Monadier n’est, lui aussi, qu’un infâme. Ferdinand d’abord disait : C’est impossible, mon associé ne voudra pas ; et ensuite il a promis.

— Cela se présente comme prêt d’abord et deviendra dans la suite don forcé. Il faudra, Claire, avertir ton père de cela ; quant à ce qui te regarde, il n’appartient qu’à toi seule de te défendre et de te venger.

— Me venger ! Mathilde. Ah ! je le veux ! Quel mal puis-je lui faire, à cette femme, voyons ?

— Eh ! te parlé-je de cette femme ? Je parle de ton mari. N’est-ce pas lui surtout qui est coupable vis-à-vis de toi ?

— Mon mari ! me venger ! mais est-ce possible ? Et comment ? Une femme peut-elle se venger de son mari ?

— Quoi ! s’écria Mathilde en frappant du pied, ce n’est pas lui que tu accuses ! et pourtant c’est lui seul qui t’a trahie ; l’autre ne te doit rien. Alors tu consens à rester auprès de lui ? Tu pourrais supporter cela ? Tu pourrais le voir encore et lui pardonner ?

— Lui pardonner ? jamais ! Non ! Oh ! non ! (Et ses sanglots redoublèrent.) Il m’a brisé le cœur, c’est fini… Je ne croirai plus à rien, jamais !… De quoi vivrai-je à présent, mon Dieu !

— On peut vivre en soi-même, ma chère. Et puis n’auras-tu pas un enfant ? Voyons, prends courage, sois forte ! Aie de la résolution, Claire. Tu verras, cela tient presque lieu de bonheur.

— Ah ! s’écria la jeune femme en versant un nouveau torrent de larmes, qu’ai-je fait pour être si malheureuse ?