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UN DIVORCE

Il fut stupéfait d’abord, puis il s’écria :

— C’est impossible !

— Vous l’avez embrassée, cette horrible créature ; vous l’avez appelée Herminie, vous lui avez promis dix mille francs de notre argent.

Furieux, il frappa du pied par terre, et la menaça du poing :

— Tu écoutais à la porte, s’écria-t-il, c’est infâme !…

— Ce qui est infâme, surtout, c’est de trahir sa femme. Vous ne m’aimiez plus, je le voyais bien… J’ai voulu savoir…

Elle chancela, se retint à une chaise et s’assit, la tête penchée sur son sein, les bras pendants, suffoquée, tremblante.

Il y eut un silence de quelques instants. M. Desfayes dit enfin :

— La chose est moins grave que tu ne le crois.

— Ah ! dit-elle, en protestant d’un geste et d’un regard indignés.

— Oui, je te le jure ; les apparences t’ont abusée. J’ai eu tort, sans doute ; mais le mal n’est pas si grand que tu as dû le penser. Madame Fonjallaz n’est pas ma maîtresse.

Un sifflement ironique sortit des lèvres de Claire.

— Je te le jure. Elle ne m’a rien accordé. Tu ne connais pas cette femme, une petite folle, mais plus sage qu’elle ne le paraît. Tout cela est jeu pour elle, et quant à l’argent…

— Je vous en prie, je vous en supplie, monsieur, ne me faites pas son éloge, à moi ; je sais… délicieuse, adorable, spirituelle, vous me l’avez vantée déjà. Elle ne vous a rien accordé ! Vous lui avez donc demandé ? Bien ! que m’importe ? Est-ce que je me soucie d’elle, moi ? Une