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UN DIVORCE

faucon chasseur ; car maintenant elle en était arrivée à une sorte de certitude, et comme elle n’avait trouvé nulle part ni l’un ni l’autre de ceux qu’elle cherchait, elle ne se demandait plus : Où est-il ? mais : Où sont-ils ?

La jeune femme et son compagnon arrivèrent ainsi au midi de la prairie, du côté du lac.

Au-dessous d’eux se trouvait un taillis de hêtres. Le spectacle, de ce point de vue, était magnifique. Le lac resplendissait comme une fournaise sous les feux du soleil couchant, et les montagnes… Mais Claire vit seulement trois personnes assises, dont l’une, écartée des autres et leur tournant même un peu le dos, s’occupait à cueillir des baies de genièvre : c’était l’amie de madame Fonjallaz. Les deux autres, les mains unies, se parlaient de près : c’étaient Herminie et Ferdinand.

À l’aspect de sa femme, Ferdinand resta stupéfait. Mais madame Fonjallaz ne se troubla pas le moins du monde, et, jetant sur Claire un regard superbe et souriant :

— Tenez, voilà votre femme qui vient vous chercher, dit-elle. Je vous avais bien dit de ne pas me suivre tant.

Madame Desfayes s’était rejetée en arrière avec un geste de dégoût. Entraînant son cousin, elle s’éloigna. Étienne n’osait lui parler. Mais bientôt il sentit le bras de Claire se roidir sur le sien. La respiration de la jeune femme était devenue si précipitée qu’elle ressemblait à des sanglots. Étienne la fit asseoir sur l’herbe et courut lui chercher de l’eau.

Elle but, s’humecta les tempes et commençait à reprendre haleine quand Camille accourut à eux :

— Nous vous avons cherchés longtemps, dit-il, puis madame Renaud a fini par croire que, madame se trouvant indisposée, vous étiez descendus à la maison, et tout le