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UN DIVORCE

puisque je lui avais essayé assez de robes, jamais, depuis qu’elle est mariée, elle n’a daigné me saluer. Eh bien ! oui, si je l’ai fait pleurer, j’en suis contente. Pour son mari, il me faisait la cour avant elle, et, si j’avais bien voulu, peut-être qu’elle ne serait pas madame Desfayes. Qu’elle le garde, j’y consens ; mais dites-lui qu’elle se tienne tranquille et ne parle pas de moi ; car autrement elle pourrait bien encore avoir de mes nouvelles.

— Vous concevez, dit Étienne, que je ne me charge pas de pareilles commissions.

— Oh ! je sais que ces dames font les bégueules, et qu’on ne peut rien leur dire du tout ; mais elles n’en pensent pas moins long pour ça. Bah ! qu’est-ce que cela me fait ? Allons, voici votre note. Faites-moi tout de suite votre billet. Et puis vous me donnerez de ce fameux cirage, que je ne vous payerai pas, je vous en préviens.

Quand il eut fait le billet, qu’il lui remit, ils passèrent dans l’atelier.

— Il ne vous est pas venu de commande depuis que je suis là, dit-elle ironiquement.

— Oh ! cela vient… mais doucement… Quand on commence…

— Attendez seulement un peu, et l’on viendra se battre à votre porte pour en avoir, puisque vos annonces assurent que c’est le plus beau cirage qu’on ait jamais vu. On sait assez que vous ne voudriez pas mentir. Moi, j’aimerais bien vous voir riche, ça vous donnerait peut-être l’idée de payer vos dettes.

— Frédéric, dit Étienne à l’ouvrier qui écoutait, allez à la fontaine laver des bouteilles.

— Eh bien ! qui sait si ça ne m’arrivera pas ? poursuivit-il en répondant à madame Fonjallaz. Je sais des gens,