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UN DIVORCE

pas, et la porte s’ouvrant laissa voir M. et madame Boquillon, en costume de voyage, avec un sac et deux paniers, plus un enfant endormi.

Ce fut au tour de madame Pascoud de pousser des exclamations. Le village dont M. Boquillon était le pasteur se trouvait à plusieurs lieues de Lausanne, et, surtout depuis la naissance de l’enfant, on voyait rarement Louise.

Après qu’on se fut instruit dans les plus petits détails de la situation respective des deux ménages et que la gentillesse du marmot eut été signalée sur tous les tons, on en vint à parler des gens de connaissance, et madame Boquillon demanda des nouvelles de Claire.

— Oh ! elle est parfaitement remise de ses couches, répondit Fanny. Sa petite fille a déjà trois mois. C’est une enfant magnifique, et qui ne ressemble pas plus au petit Fernand que si elle n’était pas sa sœur. Elle tiendra du père.

— Et lui, le petit, grandit-il un peu ?

— Non, il est toujours le même, toujours fluet et malingre, et l’on ne voit que ses grands yeux dans toute sa figure. C’est un enfant plein d’intelligence ; mais Claire le gâte horriblement, et il lui donne encore plus de peine que la petite, quoiqu’il ait deux ans. Croiriez-vous que tous les soirs il faut le frictionner deux heures en le couchant ? Claire prétend que ça lui détend les nerfs, et qu’il ne dormirait pas bien sans cela.

— Avec toutes ces petitesses, dit M. Boquillon, madame Desfayes rend un très-mauvais service à son enfant, et si j’étais Ferdinand, je ne le souffrirais pas.

— Il faut pourtant avouer, reprit Fanny, qu’il n’est pas robuste, et qu’on n’a pu l’élever qu’à force de soins. Pour la sensibilité, c’est un enfant qui n’a pas son âge.