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UN DIVORCE

tranquille à présent, il n’enverra pas chercher le petit demain.

Elle joignit les mains.

— Tu vois que j’avais raison de dire qu’il fallait se fier à moi. Nous l’avons pris comme un rat dans une souricière.

— Ferdinand ! dit-elle.

Et elle rougit.

— Il y avait assez longtemps que je le faisais guetter par un finaud que je ne veux pas nommer, et qui vaut à lui seul toute la police du canton, ce qui n’est pas assez dire. Je l’avais donc chargé de l’affaire ; il faut avouer en passant que ça te coûte assez gros ; mais bah ! nous avons sauvé le reste. Il m’avait déjà dit que ton mari ne rentrait chez lui, des fois, qu’à quatre heures du matin, et je m’étais bien imaginé que depuis ton départ il devait être au mieux avec la Fonjallaz, si ce n’était fait d’avance. Alors, nous avons arrangé la chose de manière que mon homme s’en est allé avec deux autres, le soir, un peu tard, au café Fonjallaz, et que naturellement ils demandèrent de rester après onze heures. Je pense que tu n’es pas sans savoir que tous les cafés doivent être fermés à cette heure-là… Tiens, le petit est réveillé.

Les deux mains accrochées aux bords de son berceau, Fernand allongeait entre les rideaux sa pâle et intelligente figure, et regardait son grand-père d’un air étonné.

Claire essaya vainement de le rendormir ; il voulut se lever et savoir pourquoi le grand-père était là. Afin qu’il restât tranquille, elle finit par le mettre dans son lit à elle, au bord duquel elle s’assit, les mains de l’enfant dans les siennes.

Le père Grandvaux reprit son histoire :

— Eh bien donc, la première fois ils n’ont rien vu, ni