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UN DIVORCE

rien entendu ; mais ce soir, comme ils entraient, la Fonjallaz fit la grimace et dit qu’elle ne les garderait pas plus tard que onze heures. Mon finaud ne dit rien ; mais, les onze heures venues, il fit cent contes, et elle finit par s’en aller dans sa chambre, en adressant un coup d’œil à Georgine pour lui recommander de les mettre dehors le plus tôt possible.

Eux continuèrent de plus belle et de boire et de causer, et mon Bache… eh ! mon homme, je veux dire, voyait Georgine qui regardait la pendule et s’impatientait. Puis elle allait sans cesse de la salle à la cuisine ; car tu sauras que la porte de la cuisine donne sur la ruelle derrière la maison, et elle avait envoyé coucher l’autre servante. Il écoutait de toutes ses oreilles, de sorte qu’il a entendu la porte s’ouvrir et quelqu’un monter l’escalier. Moi, j’étais sur la place quand m’arriva aux oreilles le refrain de la chanson dont nous étions convenus pour signal. Tout aussitôt, je cours chercher le commissaire, lui disant que je venais d’être volé de ma montre et que je croyais avoir vu le filou se glisser dans le café Fonjallaz où il y avait encore des chants et de la lumière, quoiqu’il fût près de minuit. Le commissaire m’a suivi ; il a tout d’abord constaté le délit de contravention, ce qui fait que la Fonjallaz en sera pour une bonne amende ; puis j’ai demandé mon voleur, et Bachelard a dit alors que, un moment auparavant, il avait entendu quelqu’un monter l’escalier. La Georgine s’était esquivée.

Nous montons. Et voilà que madame Fonjallaz paraît sur le palier ; elle était en toilette de nuit et faisait semblant de n’avoir pas les yeux ouverts. Si tu l’avais entendue ! En voilà une qui a de la tête et du bec ! Le commissaire en était tout ébouriffé ; moi, j’ai tenu bon, et à la fin j’ai dit qu’une honnête petite veuve comme elle ne devait pas