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UN DIVORCE

connus, plus ou moins éclairés, qui peut constituer en lui-même votre droit.

— Ainsi, dit-elle, chacun serait son propre juge. Avez-vous bien réfléchi ?

— Oui, reprit-il gravement, chacun est son propre juge, d’après les lois générales qu’il connaît et qu’il adore. Et je suis forcé d’avouer que le droit de se reprendre, peut, du moment où il existe, s’exercer vingt fois aussi bien qu’une. Mais, poursuivit-il avec un sourire, n’ayez pas peur, Claire ; je vous dis tout cela pour vous donner plus de confiance en votre liberté ; quant à l’avenir, ne craignez rien. Ce n’est pas moi qui vous trahirai, ni ce n’est vous, ma tendre Claire, qui cesserez d’aimer un homme dont vous serez toujours chérie. Et, quant à mon amour, ne le craignez pas non plus ; vous ne pouvez vous défier d’un amant qui vient de prendre pour votre honneur, et de son propre mouvement, la résolution de partir. Adieu, mon amie.

Il lui tendait la main, quand la jeune femme d’elle-même, profondément touchée, se jeta dans ses bras.

Mais, au bruit d’un caillou qui roula d’en haut parmi les broussailles, ils s’écartèrent vivement. Voyant l’effroi se peindre sur le visage de Claire, Camille s’élança dans la direction d’où la pierre avait tombé ; mais, après quelques recherches, il descendit, n’ayant vu personne.

— Ce n’est rien, dit-il ; le moindre animal, un oiseau, un insecte même, peut avoir dérangé l’équilibre de ce caillou.

Il essaya de la rassurer, et ils se quittèrent.

Le lendemain, Claire se rendit chez le magistrat, escortée de son père, de sa mère et d’un vieux parent. De son côté, vint M. Desfayes avec ses témoins. Claire, interrogée, fit d’une voix entrecoupée de brèves réponses,