alors ! et comme tu semblais heureux ! moi j’étais ravie, étonnée ; je me disais : Quoi, je peux lui donner autant de bonheur ? Et je croyais que c’était pour toujours… Ah ! Ferdinand, j’ai été folle ; je n’ai rien compris, vois-tu ; mais en épouser un autre, c’était impossible. En recevant ses caresses, j’aurais pensé à nos serments, c’eût été horrible ! Ce que je t’ai donné, mon ignorance, mes premières émotions d’amour, c’est à toi seul, et je ne l’aurais plus pour le donner à un autre. Toi seul es mon mari et le seras toujours.
Elle pleurait, en levant les yeux et les mains vers lui. Jamais il ne l’avait vue si énergique, si touchante. Elle s’exprimait peu et mollement autrefois ; mais la douleur en avait fait un être nouveau.
Il s’appuya sur le dossier du fauteuil où Claire était assise.
— Hélas ! dit-il en soupirant, oui, pendant quelque temps nous avons été bien heureux.
— Ah ! si tu veux, nous le serons encore ! s’écria-t-elle avec un élan sublime. Je puis t’aimer encore ; je t’aimerai ! Ne m’étais-je pas donnée à toi pour la vie ? Tout ce qu’il y avait de saint et de pur dans ma pensée, mon dévouement, mes chères illusions, ma ferme croyance dans l’éternité de notre amour, je rassemblerai tout cela ; je le reprendrai dans mon cœur. Je veux te rendre aussi ma confiance, tout ! Je me donne à toi une seconde fois. Veux-tu que nous nous aimions encore ?
— Ah ! Claire, si autrefois tu m’avais parlé ainsi ! Ma pauvre chère Claire, oui, je t’aimais ! Quelles belles heures tu m’as données !… Ah ! vraiment, j’ai été ingrat de les oublier. Tu étais si belle, si chaste, si charmante, si bonne ! Comment ai-je pu ?…
Il l’entourait de ses bras, et elle, anxieuse, attachait