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UN DIVORCE

mais elle excède les forces d’un seul homme ; je l’y aiderai.

— Et tes enfants ?

— S’ils veulent me suivre, je suis venu les chercher.

Chez M. Pascoud, ils trouvèrent l’honorable maîtresse de la maison, avec sa fille Fanny et M. Boquillon, qui revenaient aussi de l’enterrement.

L’arrivée de M. Sargeaz et du jeune comte russe fit grande sensation, et l’on s’empressa de préparer le plus somptueux dîner que pussent comporter les usages de la maison.

Dimitri, placé à table entre madame Pascoud et sa fille, observait et parlait peu, hier qu’il fût l’objet de tous les regards et de toutes les prévenances.

— Et vous voilà revenu veuf, mon cher monsieur Sargeaz, dit madame Pascoud d’un air affligé, en poussant un gros soupir.

— Oui, madame, Dieu ne m’a pas laissé la joie d’une compagne pour ma vieillesse.

Il y eut un silence ; chacun semblait chercher ce qu’il fallait dire et restait embarrassé. Madame Pascoud reprit :

— Oh ! certainement, c’est toujours une affliction !… en donnant pour fin à sa phrase de nouveaux soupirs.

— C’est une grande affliction pour moi, madame, dit M. Sargeaz, avec l’accent d’un sentiment vrai et d’un ton presque solennel.

— Certainement, nous l’avons bien pensé, quand mademoiselle Charlet nous a appris la perte de cette pauvre madame Sargeaz.

Il y eut encore un silence.

— Les épreuves de la vie, dit M. Pascoud, sont semblables à des roues qui…