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UN DIVORCE

— Ces crises continuent ?

— Oui, quoique plus faibles et plus rares. On croyait qu’il allait guérir ; mais, à présent…

— Eh bien ! je crois que je devine la Fonjallaz. Elle est certainement l’instigateur de tout ceci, quoiqu’il soit naturel que M. Desfayes, ayant maintenant un ménage, veuille reprendre son enfant. Pour elle, au fond, elle ne se soucie guère d’un enfant de plus ; car elle a déjà le sien, et il peut lui en venir d’autres. Elle sait aussi que les dépenses de l’éducation d’un jeune homme sont quelque chose, et c’est une de ces femmes qui prévoient de loin. Je crois donc qu’elle se prêterait volontiers à renvoyer l’enfant dans quelque temps d’ici ; et peut-être même alors travaillera-t-elle pour nous. Mais ce ne sera pas avant d’avoir écrasé le cœur de sa rivale et savouré pleinement sa vengeance. Vous avez remarqué son jeu vis-à-vis de vous, et l’insolence de sa compassion pour Claire ?

— Ce que vous supposez peut être vrai, dit Anna ; mais M. Desfayes tient à son fils, je l’ai vu. La présence même de la petite Fonjallaz dans sa maison devait lui donner ce désir. Avoir sous les yeux l’enfant d’un autre et penser au sien !… Enfin, j’ai obtenu quelque chose pourtant, c’est que Louise irait soigner notre pauvre ange, du moins dans les premiers temps.

On ne rapporta de ces choses à Claire que ce qui pouvait le moins irriter sa peine, et Camille s’efforça de lui faire partager cette espérance que, par l’action même de son ennemie, plus tard, son fils pourrait lui être rendu. Claire espéra ; mais au milieu d’une torture incessante, et à laquelle ses forces devaient succomber. Vivant en idée avec l’enfant, elle le suivait dans tous les actes de sa journée. À tel moment, à tel autre, elle devinait, suppo-