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UN DIVORCE

trouve beaucoup mieux qu’elle… mais beaucoup mieux, ajouta-t-il, en la regardant toujours, non sans émotion.

— Oh ! la belle campanule ! s’écria-t-elle en cueillant la fleur violette, aux cloches tremblantes.

— Comment ! quand je te fais de si beaux compliments, tu n’y attaches pas plus d’importance ? Bah ! je me trompais, tu n’es réellement qu’une petite fille, et l’on ne peut que jouer avec toi. Veux-tu être ma petite femme, dis ?

En même temps il l’entourait de ses bras et cherchait à voir son visage ; mais elle le repoussa en détournant la tête, et de petits éclats de rire nerveux lui échappaient ; à la fin il s’aperçut qu’elle pleurait.

— Mais qu’as-tu donc ? s’écria-t-il ; qu’as-tu, petite folle ? Qu’ai-je fait pour te fâcher ?

Il la laissa aller et, tout en la grondant, continua de s’excuser, avec la rondeur particulière à sa nature franche et insoucieuse. Mais il ne put obtenir d’elle que ces mots entrecoupés :

— Je n’aime pas ces plaisanteries.

La rencontre de Julie Giromey, qui chargée d’une hottée d’herbes revenait des champs, mit fin à cette discussion, qu’ils ne reprirent point ensuite, se trouvant près de ceux qu’ils allaient rejoindre. Mais Anna resta silencieuse le reste de la soirée, et, préoccupé sans doute de la bizarrerie de sa cousine, Étienne fut moins causeur qu’à l’ordinaire.

En voyant la Vionnaz près de la haie de son jardin, la fille du fermier s’était arrêtée, et, comme si ses lèvres impatientes de s’ouvrir n’eussent attendu qu’une occasion, elle laissa aussitôt échapper ces paroles :

— Je viens de voir le bon ami à mademoiselle Claire. C’est sûr qu’ils se marieront, puisqu’il lui donnait le