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UN DIVORCE

bras, et que voilà déjà cinq fois qu’il vient en deux semaines.

— Parfaitement que c’est sûr, répondit la vieille, puisque je viens d’en parler à mademoiselle Anna et qu’elle ne m’a pas dit non.

— Eh ! quel bonheur ! s’écria la fille en frappant dans ses mains, nous verrons mademoiselle Claire en mariée, et toutes les toilettes ; car ce sera une belle noce, je pense.

— Hum ! peut-être qu’ils n’auront pas tant de monde ; le vieux est si ladre ! Il sera déjà assez fâché d’avoir à donner ses écus au gendre. Mais également[1] oui, il fera bien les choses, pour l’orgueil.

— Dites donc, savez-vous qu’il est fièrement beau garçon, le fiancé ? Grand, rouge, un homme superbe ! Sûrement il est riche avec ça ?

— Oui, mais il a déjà laissé bien de l’argent au café.

— Oh ! je sais qu’il aime à s’amuser. Je connais une fille qui a été sa maîtresse, Henriette, vous savez, la repasseuse ; et encore une autre qui, ma foi ! comptait le tenir, et qui va être bien vexée. C’est mademoiselle Herminie, la couturière. Celle-là voulait bien se faire épouser.

La vieille haussa les épaules.

— Pour des maîtresses, on sait qu’il a dû en avoir ; mais, comme il est dépensier, ça m’étonne un peu que M. Grandvaux lui donne sa fille.

— Et où voulez-vous qu’il prenne un gendre ailleurs que dans les cafés ? Il n’y en a point. J’en connais un pourtant qui se serait bien offert, et mademoiselle Claire n’aurait pas dit non.

— Qui donc ça ? le Français ?

  1. Pour : cependant.