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UN DIVORCE

Elle se sentit rougir, et, n’y tenant plus, elle se leva et descendit dans le salon.

Ferdinand s’y trouvait tranquillement accoudé, vis-à-vis de son compagnon, sur une table où se voyaient deux bouteilles vides et une encore à demi pleine. Son visage était riant et animé. En apercevant Claire, il tressaillit.

— Ah ! tu t’ennuyais, ma chérie ; mais j’allais monter.

Il la fit asseoir près de lui sur le banc de velours qui garnit la salle, et remplissant de nouveau les verres, il se mit en devoir d’achever la bouteille et l’entretien. Claire prit un livre par contenance, mais elle écouta.

Ferdinand et Monadier parlaient à bâtons rompus de souvenirs de café, de celui-ci et de celui-là, d’un mot qu’avait dit cet autre, d’une querelle qui avait eu lieu, tout cela plein d’allusions qui paraissaient très-intéressantes, à en juger par les rires des deux causeurs, mais que la jeune femme ne comprenait pas. Elle devint triste et songeuse. Elle ne connaissait pas ce monde où jusque-là son Ferdinand avait vécu, mais il lui semblait étrange et bien vulgaire, et elle ne comprenait pas l’intérêt Ferdinand semblait prendre à tout cela.

Enfin il se leva et congédia Monadier. Puis il s’assit à côté d’elle, et, comme il n’y avait plus dans le salon que deux vieilles Anglaises qui lisaient, il l’embrassa plusieurs fois. Il lui dit encore :

— Tu t’es ennuyée là-haut, j’y pensais bien ; mais, bah ! je ne savais comment quitter ce diable de Monadier, et puis je n’étais pas fâché d’apprendre tout ce qui s’est passé à Lausanne pendant mon absence. Il me contait des histoires très-drôles.

— Vraiment ? Lesquelles ? demanda Claire en essayant de cacher son chagrin.

— Oh ! ce sont des choses que tu n’as pas besoin de