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bles de son matérialisme, c’est-à-dire de son hostilité raisonnée et convaincue à toute croyance religieuse.

Bien plus, ne voulant à aucun prix être enterré par les prêtres d’une Église quelconque, il avait déposé chez Me Vassal, notaire à Paris, boulevard de Sébastopol, un testament dans lequel il manifestait ses volontés à ce sujet.

Hippolyte Babou meurt donc. Il a la consolation d’avoir autour de sa couche des amis dévoués. Il expire en paix ; sa porte, jusqu’à la dernière heure, reste fermée à ces hommes noirs, monstres d’hypocrisie, qui se glissent d’ordinaire dans les chambres de nos moribonds, guettant le moment où ceux-ci n’ont plus conscience de ce qui se passe autour d’eux ; qui, pendant que les infortunés râlent, marmottent leurs patenôtres stupides et exécutent leurs ridicules momeries ; et qui, le lendemain, battant la grosse caisse sur la peau du cadavre, annonçant aux populations étonnées la grande conversion d’un malheureux pécheur enfin touché par la grâce, se font une réputation malsaine et criminelle aux dépens de la réputation d’un homme qui n’a jamais voulu d’eux.

Grâce à ses amis, l’honneur de Babou n’a pas à subir cette honte. En s’endormant dans l’éternel sommeil, il a l’assurance qu’aucune manœuvre indécente ne viendra sur son cercueil lui faire un renom immérité d’apostat.

Erreur ! À peine des mains dévouées ont-elles fermé les yeux de Babou qu’un parent se présente. C’est un magistrat. Il arrive de province, accompagné d’une vieille tante. Les amis du défunt sont congédiés et le cadavre de l’athée, trimballé de chapelle en église, emporte dans le tombeau la souillure de l’eau bénite.

Voilà ce qui se passe. Voilà ce qui se passe à Paris. Voilà les vols effrontés qui se commettent,