Page:Léo Taxil - À bas la calotte.pdf/29

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 31 —

pommes de terre. Dieu ! que c’était dégoûtant ! Ce jour-là, nous autres, ceux de la première communion, on nous fit déjeuner avec du bon café au lait, et, après, on nous permit d’aller, dans le parc du collège, nous ébattre parmi les plates-bandes de fraises. Oh ! les fraises ! ce que j’en ai mangé, ce matin-là !… Sans blague, le jour de ma première communion a été un des plus beaux jours de ma vie.

Eh bien ! la ferveur avec laquelle j’ai communié, en songeant au délicieux régal qui nous attendait, cette ferveur, qui n’était pas une ferveur en plaqué, n’approche pas de celle avec laquelle j’ai prié saint Eustache de me faire gagner le gros lot.

D’ailleurs, saint Eustache m’a parfaitement entendu, et, la preuve, c’est qu’une nuit il m’est apparu en songe.

— Mon enfant, m’a-t-il dit, je vois avec plaisir que tu reviens à des sentiments religieux. Aussi, je te récompenserai. Tu as dix billets, tu gagneras les dix plus gros lots.

— Oh ! saint Eustache, faites-moi gagner seulement celui de 125,000 francs, et je vous porterai à votre église un cierge gros comme ça.

— Merci, mon enfant. J’accepte ton cierge. Mais je veux te prouver combien est efficace la protection d’un saint comme moi. Tu as dix billets, je te le répète, tu gagneras les dix principaux lots.

Je vous laisse à penser si j’étais heureux. Pendant toute la nuit, j’ai embrassé mon traversin, le prenant dans mon rêve pour saint Eustache.

Eh bien ! je n’ai rien gagné du tout.

Fiez-vous donc aux prières ! mettez votre confiance dans les saints du paradis !

Voilà à quoi l’on aboutit.

Je vous demande un peu si ce n’est pas fait pour vous rendre à tout jamais matérialiste, libre-penseur, athée !

Et j’avais eu des revenez-y religieux ! et j’avais promis à saint Eustache un beau cierge !

Ah ! tu peux l’attendre, mon cierge ! Si tu n’as