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n’ai pas d’hésitation, et, si je suis un sauvage, je ne serai jamais, croyez-le bien, de ceux à qui vos missionnaires volent leurs enfants.

Vous m’appelez retour de Suisse ?

Pauvre esprit que vous êtes !

Vous ignorez donc que la Suisse est en Europe le foyer de l’instruction et de l’honnêteté !

Vous écrivez le nom de ce pays libre avec une sorte de rage, parce que votre ultramontanisme y est pulvérisé, parce que les évêques en sont bannis, parce que tous vos vices cléricaux y sont étrangers, parce que votre Syllabus y est l’objet de la risée publique, parce que vos tendances anti-humaines y sont unanimement exécrées.

Vous, dont la patrie est le Vatican, vous osez baver sur la Suisse, vous osez opposer Rome à Genève !

Eh bien ! comparons la ville des papes et la ville de Jean-Jacques, comparons l’Helvétie qui, la première entre toutes les nations, a secoué le joug du catholicisme, et l’Italie, qu’ont empoissonnée vos Borgia et que souillent encore vos myriades de basiliques et de couvents.

Un seul point me servira à établir une comparaison. — En Suisse, quand un crime se commet, c’est un véritable événement ; les meurtres s’y comptent, les attentats aux mœurs y sont inconnus. En Italie, cela a été établi par la statistique officielle, les crimes et les délits contre la pudeur commis par les ecclésiastiques s’élèvent annuellement à deux mille environ.

Et c’est vous, pèlerin de Rome, qui avez l’audace de me rappeler mon séjour de deux ans en Suisse, comme s’il s’agissait de quelque chose de honteux !

En vérité, Monsieur, la colère vous fait déraisonner.

Il est vrai que la raison et vous n’avez pas souvent cheminé ensemble.