Page:Léo Taxil - À bas la calotte.pdf/78

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 80 —

Léon. — Erreur, mon ami Veuillot, profonde erreur !… En ce moment j’attire à moi tous les catholiques modérés, et quand ils seront bien engagés envers moi par toutes les louanges qu’ils ne cessent de me prodiguer, je ferai comme mon prédécesseur qui, lui aussi, a inauguré son règne avec du libéralisme en veux-tu en voilà… Ah ! Veuillot, mon ami, je vous croyais plus malin… Comment ! vous avez cru que c’était sérieux ?…

Veuillot, doutant encore. — Bien vrai, c’était pour rire ?

Léon. — Certainement.

Veuillot, joyeux. — Alors l’Église est sauvée !

Léon. — Et pour que vous ne doutiez plus, je vais, comme à saint Thomas, vous faire mettre le doigt dans la plaie. (Il se lève, va à son secrétaire, l’ouvre, et en tire un tas de paperasses qu’il met sous les yeux de Veuillot.)

Veuillot, lisant. — « Projet de canonisation de Torquemada… Nouvelle taxe des indulgences… Demande au gouvernement français de légitimer la situation des jésuites… Convocation d’un prochain concile pour ériger en dogme l’histoire de l’assomption de la Vierge, qui est montée au ciel en âme et en chair, et désigner l’endroit précis où ce corps flotte dans l’espace, par quels moyens il se soutient au milieu des airs et comment les bienheureux, qui sont de purs esprits, peuvent jouir du spectacle physique de ce corps… Anathèmes en préparation contre la société moderne, etc., etc. »

Léon. — Hein ! que dites-vous de tout cela ?

Veuillot, transporté d’allégresse. — Vous êtes bien le successeur de Pie IX… Saint-Père, votre bénédiction.

Léon. — La voilà, mon fils, et je vous pardonne même de m’avoir gratté les pieds.

Séparateur



Montpellier. — Typ. Firain et Cabiron frères. Le gérant : Gabriel Jogand-Pagès.