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LES TROIS COCUS

capitale. On peut s’y promener pendant des heures entières sans avoir l’obligation d’acheter seulement pour cinq centimes de ruban.

Les dames oisives ne se font pas faute d’aller et de venir dans ces interminables galeries. Elles peuvent choisir ce qu’elles désirent et ne se décider qu’en parfaite connaissance de cause.

Paméla allait donc et venait, accompagnée par son mari le poète et cordonnier collectiviste

Tout à coup, madame dit à l’oreille de Pharamond :

— Vois-tu ce prêtre qui nous suit depuis dix minutes ?

— Oui.

— Toutes les fois que la foule se resserre un peu, il se rapproche de moi, et…

— Et quoi ?

— Il palpe mes rotondités.

— L’insolent !

Pharamond était jaloux. Il guetta le soutanier, et, au moment où celui-ci se permettait pour la vingtième fois les privautés dénoncées par Paméla, il bondit sur le curé paillard.

Notre homme se rebiffe ; mais Pharamond n’entendait pas que cela se passât ainsi. Il crie, il fait tapage. Les curieux se bousculent. On se demande ce que c’est. Le cordonnier-poète l’explique. Intervention des commissaires de service[1].

Parmi les gens qui se promenaient là était justement le général Sesquivan. Il reconnaît les époux dont il a, par bêtise, fait le mariage et à qui il en a toujours voulu. Il crie à son tour, il se démène ; des paroles incohérentes s’échappent de sa bouche. Tout ce que les agents peuvent comprendre, c’est que ce vieux monsieur décoré est sénateur et qu’il prend parti pour le prêtre.

— C’est bon, disent-ils, tout le monde s’expliquera au poste.

Et voilà Pharamond, Paméla, le curé paillard et la vieille brisque devant le commissaire du quartier.

Le fonctionnaire rajuste ses lunettes et s’enquiert de l’événement.

— Monsieur le commissaire, clame Pharamond, ce prêtre que voici a profité de la foule pour tâter les rotondités de ma femme…

  1. Le fait est authentique. Seulement, le frocard qui fut arrêté à cette époque aux Magasins du Louvre, pour avoir palpé des rotondités féminines, était un dominicain.