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LES TROIS COCUS


CHAPITRE XX

LA CONFESSION D’ÉGLANTINE


— Fichtre ! cette fois, nous verrons bien s’il entrera !

Celui qui parlait ainsi n’était autre une l’abbé Romuald Chaducul. Il était profondément mortifié toujours du tour que lui avait joué son curé.

Comment l’abbé Huluberlu s’était-il introduit chez lui ?

Ursule lui avait juré, par toutes sortes de cendres, qu’elle n’avait ouvert à personne qu’à Mme  la présidente, que jamais, au grand jamais, elle n’avait prêté les clés de l’appartement au curé de Saint-Germain-l’Empalé. Ursule était incapable de mentir.

Néanmoins, l’abbé Chaducul se trouvait en présence d’un fait indéniable. Au moment où il se croyait seul avec la belle Marthe, son supérieur avait surgi d’un cabinet. Donc, l’abbé Huluberlu avait de fausses clefs.

Le lendemain même de sa promenade à Montparnasse en pompier, le vicaire avait fait changer toutes les serrures de son appartement. Et, le surlendemain, jour où il attendait Églantine, il se répétait, joyeux, cette phrase :

— Fichtre ! cette fois, nous verrons bien s’il entrera !

À neuf heures du matin, Églantine arriva. Elle était toute décontenancée. Ça l’ennuyait, d’avoir à se confesser.

Fille de la campagne, elle avait fait sa première communion et fréquenté excessivement peu l’église. À quinze ans, on l’avait envoyée à Paris, où elle s’était promptement dégrossie, et, depuis qu’elle avait foulé le sol de la capitale, elle n’avait pas mis une seule fois les pieds dans un confessionnal.

Ce coup-ci, il n’y avait pas moyen d’éviter la corvée.

L’abbé venait à peine de se lever ; il terminait sa toilette. Devant une petite glace, il achevait de se raser.

Ursule fit entrer la jolie bobonne.

— C’est cette demoiselle que vous attendez, dit-elle.

Chaducul s’empressa d’aller au-devant d’Églantine.

— Entrez, ma chère enfant ; asseyez-vous.