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LES TROIS COCUS

Le curé a été le plus malmené.

Il se passe la main sur les côtes. Cristi ! il est tout moulu.

Chaducul est aussi pas mal contusionné.

Ni l’un ni l’autre ne se plaignent des coups reçus ; une seule chose les vexe : le départ d’Églantine.

— Sacré nom ! dit le vicaire au curé, vous êtes un drôle de pistolet !… Avec vos manières, vous êtes cause que ma pénitente est partie…

— Si vous aviez été raisonnable, riposte Huluberlu, elle serait encore ici, et vous auriez eu à votre tour la belle enfant.

— Pardon, je n’admets pas que, sous prétexte que vous êtes mon supérieur, vous preniez à tâche de me confisquer mes clientes…

— Oh ! si l’on peut dire !… Voilà une belle affaire !… Vous ne comprenez pas la plaisanterie…

— Je trouve la plaisanterie très mauvaise… et je suis décidé à ne pas la souffrir…

— Romuald, vous avez tort… Nous aurions pu parfaitement nous entendre… Au contraire, vous êtes d’une susceptibilité ridicule…

— Il n’y a pas de susceptibilité qui tienne… Est-ce que je vais chasser dans vos plates-bandes, moi ?

— Je ne vous en ai jamais empêché…

— Est-ce que je m’introduis furtivement chez vous pour vous troubler, lorsque vous êtes dans l’exercice de vos fonctions de confesseur ?

— Je ne dis pas cela…

— Eh bien, votre conduite, monsieur le curé, n’a pas de nom…

— Voyons, voyons, Romuald, revenez au calme… Je vous pardonne votre boxe… Hein ! suis-je assez bon diable ?

— Dame ! avouez que, si vous avez des bleus sur le corps, vous ne les avez pas volés… Et croyez-vous que je n’aie rien reçu, moi ?… Vous avez le poing bigrement sec !

— Alors, ne m’en veuillez plus… J’ai voulu rire ; je ne pensais pas que vous prendriez la chose si mal.

— Puisque c’est ainsi, je consens à faire la paix… Vous me rendrez cette justice : au fond, je n’ai pas mauvais caractère, je ne suis pas rancunier.

— C’est vrai.

— Topez là.

— Voici.

Les deux vobiscum se serrèrent la main.