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LES TROIS COCUS

Laripette poussa un soupir de satisfaction. La présidente n’avait pas vu la plumassière ; voilà ce qui ressortait du moins de ce qu’elle venait de dire. Elle lui reprochait de se promener tout seul ; donc, il n’y avait personne dans le fiacre quand elle y était entrée. Restait à éclaircir deux autres points du mystère : comment et pourquoi Gilda était partie ; comment et pourquoi Marthe s’était installée dans sa voiture. Le premier point serait tiré au net dès la première entrevue que Robert aurait avec Mme Paincuit ; relativement au second, il pouvait l’éclaircir sur-le-champ.

— Vous ne répondez pas, Robert, fit la présidente.

— Que voulez-vous que je vous dise ? Il l’ait un temps superbe… Tout me conviait à une promenade… C’est au bois que je comptais aller… Dame, si j’avais pu penser qu’il vous aurait été possible de vous échapper pour une après-midi, j’aurais pris l’agréable liberté de vous donner un rendez-vous.

— Très bien, j’accepte vos excuses.

La voiture roulait, traversant en ce moment le pont des Saints-Pères. Marthe tendit sa joue à Laripette.

— En signe du pardon que je vous accorde, je vous autorise à m’embrasser.

Robert, profitant de la permission, embrassa la présidente, mais non point sur la joue. Le baiser lui fut rendu avec usure.

— À vous, maintenant, ma chère Marthe, dit-il, après quelques secondes de becquetage, à vous, ma toute aimée, de m’expliquer comment et pour qui vous êtes montée dans mon fiacre.

— Je vous ai dit tantôt que rien n’était plus simple… Mon Dieu, oui, c’est tout ce qu’il y a de plus simple… Je passais dans la rue Bonaparte. Une voiture venait en sens inverse… Je vous aperçois à l’intérieur… Je vous adresse un salut… Vous ne me voyez pas… La voiture continue à filer… Mais, tandis que j’ai la curiosité de me retourner, la voilà qui s’arrête devant le numéro 25, et vous descendez… Je reviens sur mes pas… Vous êtes leste comme tout, mon cher Robert… Avant que je vous aie rejoint, vous aviez disparu dans la maison. Alors, une idée me traverse le cerveau… Si je faisais une surprise à mon ami Laripette ?… J’attends une minute devant une boutique, en regardant la devanture… Je vois le cocher qui quitte son siège et qui va chez le marchand de vin. Je profite de son absence… et v’lan ! me voilà dans le fiacre… Je baisse les stores, afin que votre surprise soit plus brusque et plus complète quand vous