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LES TROIS COCUS

— Il fait un temps superbe… J’ai pris une voiture et je suis venu prendre un bock au bois…

— Avec quelque cocotte, monstre !

— Moi ?… Pourquoi me dites-vous cela ?…

— Parce que vous êtes un vilain coureur…

— Oh ! si l’on peut calomnier ainsi un pauvre amoureux !…

— Vous êtes seul ?

— Dame, oui.

— Ce n’est pas vous qui faisiez tantôt un si fameux tapage avec cette chanson inepte de la laine qui est en colon ?

— Jamais de la vie !

— Vous me le jurez, Robert ?

— Vous ne connaissez pas ma voix, alors ?

— La voix ne signifie rien… Jurez-moi que vous n’avez commis envers votre Pauline aucune infidélité.

— Je vous le jure.

Ce dialogue s’était tenu à voix basse.

Pauline chiffonnait une dentelle ; nous savons qu’elle était nerveuse, la colonelle.

Soudain, un désir canaille s’empare de l’ancienne pensionnaire du Saint-Nom de Jésus : planter là son mari et filer avec Robert.

— Monsieur Laripette, je pars avec vous dans votre voiture.

— Et votre mari ?

— Qu’est-ce que cela peut vous faire ?… Cela me regarde, ce détail-la.

— Mais encore…

— C’est moi qui commande, monsieur, obéissez !

Justement, deux têtes de jolies impures paraissaient dans l’entrebâillement d’une porte.

Robert va droit à elles.

— Mesdemoiselles ?

— Monsieur ?

— Êtes-vous seules ?

— Pour le moment, oui.

— Aimez-vous à rire ?

— Toujours.

— Voyez-vous cette porte là-bas, au fond du corridor ?

— C’est le ?…

— Précisément.

— Eh bien ?

— Il y a là-dedans un vieux maréchal retraité…

— Mac-Mahon ?