— Comprends pas.
— Un péché mortel à cause de moi !
— C’est possible… Je ne dis pas non, si ça peut vous faire plaisir.
— Oh ! mon Dieu ! mon Dieu ! quel malheur !
Enfin, Scholastique accepta — il le fallait bien — son clysopompe raccommodé un dimanche.
Mais elle avait je ne sais quels sinistres pressentiments.
La première fois qu’elle s’en servit — ô épouvante ! — elle eut, dans la journée même, une colique atroce.
Était-ce le doigt de Dieu qui se vengeait ?
Scholastique confia son chagrin à Philéas (c’est-à-dire à son abbé Groussofski) et à Irlande.
Tous deux furent d’avis que ce qui arriva il était déplorable, et que Scholastique devait offrir sa colique à Dieu en expiation du péché mortel du lampiste.
Ainsi il fut fait.
Seulement, la colique persista.
Alors, l’infortunée dévote se sentit envahie par un effroi extraordinaire.
Ce n’était peut-être pas la colique qui avait établi domicile en elle ; c’était Satan en personne.
En effet, voici quel était le raisonnement limpide de la pauvre fille :
Dès le péché mortel du lampiste, Lucifer avait dû s’installer dans le clysopompe profanateur et sacrilège.
Elle avait commis l’imprudence de mêler un lavement à l’esprit diabolique, et, sous le mouvement du piston, lavement et diable mêlés s’étaient introduits dans ses entrailles.
Rien n’était moins discutable.
Je vous laisse à penser si Scholastique n’en menait plus large. Elle se tordait, en proie au malin, récitant à tous les saints du calendrier des litanies et des oraisons jaculatoires.
Hélas ! trois fois hélas ! Satan tenait bon et se refusait à déguerpir.
Irlande proposa à sa sœur de recourir à l’exorcisme.
On expliqua à l’aumônier ce que signifiait ce mot français qu’il n’avait jamais entendu.
— C’est ce que nous appelons, dit-il, en polonais, une « tartanpouille. »
Dans le bréviaire que les deux sœurs avaient acheté à l’abbé, il n’était pas question des exorcismes ; mais Philéas ne s’embarrassait pas pour si peu.
— Je vous en flanquerai un de mon pays, déclara-t-il ; le Père Éternel entend toutes les langues.