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LES TROIS COCUS

qu’il tenait à la main. Le lecteur a compris que pour écrire son rendez-vous, Pauline s’était bien gardée de prendre sa carte de visite et avait utilisé la première venue, convaincue que, la recevant de sa main, Robert saurait à quoi s’en tenir.

Le colonel renvoya Placide, et tout en donnant sur le seuil une poignée de main à Laripette, il lui dit en clignant de l’œil :

— Heureux gaillard, sapristi !

— Comment ! fit l’autre étonné ; heureux de quoi ?

— Don Juan !

— Plaît-il ?

— Lovelace ! Fléau des maris !

— Hein ?

Robert ne savait ce que cela voulait dire. Le colonel clignait de l’œil et riait comme un bienheureux.

— Mais enfin, que signifie ? demanda Laripette à voix basse.

À voix basse, et riant de plus belle, le colonel lui répondît en lui glissant le billet dans la main :

— De la part de Mme  Paincuit, la jolie plumassière du premier… Farceur, va !

Le jeune docteur ouvrait un bec aussi large que celui de son autruche. Pélagie attendait paisiblement sur le palier.

Campistron, d’un mouvement amical et familier, poussa Robert et ajouta en reprenant un peu de sérieux :

— Puisque je suis dans le secret, fiez-vous à ma discrétion… Je serai muet… Une tombe !… Pas un mot, même à ma femme !… File n’aurait qu’à bavarder… Comptez sur moi.

Et il ferma la porte, rempli d’une douce hilarité.