Page:Léo Taxil - Les trois cocus.pdf/71

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
59
LES TROIS COCUS

À quoi bon, après tout, se mettre la cervelle à l’envers ?

Le lendemain, il saurait à quoi s’en tenir. Il se mit au lit, agréablement préoccupé. Le lendemain, à trois heures précises de l’après-midi, il sonnait à la porte des Paincuit. Une soubrette accorte vint ouvrir et, sans lui demander son nom, alla droit au salon où était la jolie plumassière.

— Madame, c’est le monsieur de l’autruche !

— Seul ? demanda Mme Paincuit avec émoi.

— Oui, Madame, seul.

— À la bonne heure… Faites entrer ce monsieur.

Robert salua. Mme Paincuit lui rendit sa révérence et lui indiqua un siège, en disant :

— Vous venez, sans doute, Monsieur, me prier de ne pas intervenir auprès du propriétaire pour l’obliger à résilier votre bail, comme va le faire M. le président Mortier ?

Laripette n’écoutait pas la question ; il examinait attentivement la plumassière ; il la trouvait jolie, jolie, mais ses traits ne revenaient pas à sa mémoire :

— Inconnue au bataillon, pensait-il.

Mme Paincuit réitéra sa question, très étonnée cependant de n’avoir pas été comprise. Cette fois, Robert répondit :

— Madame, je viens pour cela et pour autre chose… Monsieur votre mari est bien absent, n’est-ce pas ?

— Oui, Monsieur ; il est à son magasin de la rue Saint-Denis ; mais pourquoi me demandez-vous cela ?

La plumassière était intriguée, mais non inquiète ; car Laripette n’avait pas le moins du monde l’air dangereux. Le jeune docteur tira de son portefeuille la carte de visite que le colonel lui avait remise la veille et la tendit à Mme Paincuit du côté de l’imprimé.

— Ma carte de visite ! fit la dame.

— Veuillez lire ce qui est écrit au verso, fit Robert.

Mme Paincuit retourna la carte, lut et dit :

— Oh ! par exemple !…

Robert la considérait en silence :

— Beauté physique, amour numéro 2, conclut-il mentalement.