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L’HÉRÉDO.

trouve à travers le champ de la conscience. Ensuite parce qu’une affinité profonde existe entre l’instrument de la continuité génésique et les éléments hérités de cette continuité. On peut dire, dans une brève formule, que le désir happe les hérédismes. J’ai donné autrefois, comme épigraphe à un de mes romans la formule suivante : « La passion fait sourdre la race ». C’est la même idée, sous une autre forme.

On comprend ainsi le caractère impétueux et dominateur de l’instinct génésique, quand il se déchaîne à travers la personnalité. Il s’appuie, dans un seul individu, sur plusieurs générations et il s’incorpore les forces explosives, les images accumulées de cent cinquante, deux cents années. Car les reviviscences héréditaires ne s’atténuent qu’avec une extrême lenteur et conservent leur virulence plus longtemps encore que les bacilles et spirilles les plus tenaces. On imagine les ravages causés par de telles incursions et une telle frénésie d’insufflation et de modelage. Oreste n’est jamais en proie qu’aux furies intérieures ; mais ces furies sont dévastatrices.

La soudaineté, la multiplicité de ces gonfle-