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CRITIQUE DE L’INCONSCIENT.

ments, puis de ces ruptures des figures du moi par l’instinct génésique, la vitesse dont sont animés les fragments — véritables bolides de la conscience — ont permis d’échafauder la théorie de l’Inconscient. Cependant ses adeptes eux-mêmes, en analysant les phénomènes prétendus inconscients, donnent un démenti à leur thèse, attendu que des phénomènes réellement inconscients échapperaient à toute analyse. Ils seraient pour notre esprit comme le néant. Au lieu que l’expérience personnelle nous atteste que ce que nous croyons ignoré de la conscience est tantôt simplement oublié par elle, tantôt perçu fugitivement, tantôt mis de côté grâce à un subtil travail de l’hypocrisie intellectuelle. Je ne puis admettre l’Inconscient tel qu’on nous le fabrique, mais j’admets que l’instinct génésique se donne à lui-même la fréquente comédie de l’inconscience. En tout cas, la conscience a possibilité de prise et de surveillance sur toute l’étendue et toutes les ramifications de la personnalité. C’est une simple question d’entraînement. L’homme est d’autant plus digne de ce nom que cette prise et cette surveillance sont plus complètes, qu’il est à lui--