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CRITIQUE DE L’INCONSCIENT.

somme de ce prétendu inconscient, transmis, par son génie, à notre conscience. Comme Shakespeare, comme Balzac, Beethoven se délivrait de ses hérédismes, mais dans la zone d’appel du désir, au moment où ceux-ci, comparables à des nébuleuses sonores, vont s’éparpillant en une poussière d’harmonies, que colorent la joie, la mélancolie, le regret, le désespoir, le remords, l’espérance et la désillusion. Écoutez la sonate pathétique ou l’Appassionnata, la Symphonie Héroïque ou celle en ut mineur, en vous reportant au schéma précédent. Vous saisirez, avec un peu d’attention : 1o  l’appel initial du soi, large, solennel, plein de force et de liberté ; 2o  l’éveil du désir génésique, mis en mouvement presque aussitôt ; 3o  la pluie des souvenirs, aspirations vagues, présences, tournures d’esprit, etc., venus de la lignée beethovenienne ; 4o  leur saisie par le désir de cet homme sublime ; 5o  leur agrandissement et leur modelage ; 6o  leur éclatement et leur disparition dans ce noir du son qu’est le silence. Quand vous aurez recommencé une demi-douzaine de fois cet exercice, votre oreille habituée reconnaîtra et distinguera ces diverses phrases du second