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L’HÉRÉDO.

Rembrandt, comme peut-être chez aucun mortel, sauf Pascal. De là le sentiment de paix planante qui flotte autour des Pèlerins d’Emmaüs, une paix qui repose sur la certitude. Toute cette œuvre du grand Hollandais est inspirée, baignée de miracle, proportionnellement à son intense réalisme. Puisque, si la raison est la serrure de la vie, il faut bien que le miracle en soit la clé.

Je n’hésite pas à mettre sur le même plan qu’une sonate de Beethoven, ou une toile ou une estampe de Rembrandt, pour la lumière qu’il projette sur le prétendu Inconscient, l’Égoïste, de George Meredith. Dans cette étude des profondeurs de la conscience — unique en son genre — le gonflement systématique des éléments héréditaires, qui est ce que l’auteur entend par égoïsme, et leur rupture suivie d’éparpillement, sous l’influence du désir, sont décrits avec une minutie et une précision d’histologîste. En se reportant à notre analyse du soi et du moi, la trame du caractère de Willougby, le personnage principal, devient très simple et aisée à comprendre. Mais Meredith a mis sa coquetterie à offrir, sous les espèces d’un simple roman,